Le viager est une solution d’acquisition immobilière qui attire de plus en plus d’investisseurs, notamment en raison de ses avantages fiscaux et financiers. Dans le cadre d’un viager, l’acquéreur s’engage à verser de manière régulière, une rente viagère au vendeur, généralement jusqu’au décès de ce dernier. Toutefois, que se passe-t-il si l’acquéreur se retrouve dans l’impossibilité de verser cette rente ? Que vous soyez le crédirentier (le vendeur) ou le débirentier (l'acquéreur), cette situation peut avoir des conséquences graves pour les deux parties et nécessite de bien comprendre les implications juridiques et financières.
La rente viagère est l’un des piliers d’un contrat de viager. Contrairement à une transaction immobilière classique où l’acheteur paie la totalité du bien en une seule fois, le viager repose sur un versement initial, appelé « bouquet », suivi du versement régulier (généralement mensuel) d’une rente. Ce mécanisme de paiement progressif se poursuit jusqu’au décès du vendeur, ce qui en fait un engagement financier à long terme pour l’acquéreur.
Il est important de noter que la rente viagère est indexée, en général, sur un indice de prix à la consommation pour préserver le pouvoir d’achat du vendeur. Cela signifie que le montant de la rente peut fluctuer légèrement au fil du temps, en fonction de l’évolution des prix. Ainsi, un acquéreur doit s’assurer de sa capacité financière à assumer cet engagement sur une durée indéterminée.
L’acquéreur qui se trouve dans l’incapacité de verser la rente viagère enfreint une obligation contractuelle. Selon l’article 1978 du Code civil français, le contrat de vente en viager est un acte juridique qui engage fermement les deux parties. Si l’acquéreur ne respecte pas ses obligations de paiement, le vendeur a plusieurs recours à sa disposition. En effet, cet article stipule que l’acquéreur est tenu de verser la rente selon les termes fixés par le contrat, sous peine de résolution de la vente ou d’exécution forcée.
La mise en demeure est souvent la première étape lorsque l’acquéreur ne respecte pas ses obligations de paiement. Elle constitue un avertissement formel pour inciter l’acquéreur à régulariser sa situation avant que des mesures judiciaires ne soient envisagées.
Conformément aux dispositions légales, cette mise en demeure doit être effectuée par un acte d’huissier ou par lettre recommandée avec accusé de réception. Ceci afin de garantir une réception formelle par l’acquéreur de ses obligations et de l’urgence de la situation. Le contenu de la mise en demeure est très précis : elle rappelle le montant des rentes impayées, le délai de régularisation (souvent fixé à 30 jours) et les conséquences potentielles en cas de non-paiement.
Si l’acquéreur ne réagit pas dans le délai imparti, le vendeur peut alors engager des démarches judiciaires. Toutefois, dans de nombreux cas, une mise en demeure peut suffire à régler le problème, l’acquéreur régularisant sa situation avant que le litige ne prenne des proportions plus graves. Il s’agit donc d’une solution pertinente pour tenter de préserver la relation contractuelle sans recourir immédiatement à des procédures plus lourdes et coûteuses.
Si l’acquéreur ne donne pas suite à la mise en demeure et persiste dans son défaut de paiement, le vendeur peut alors envisager de demander la résolution du contrat. Cette démarche entraîne l’annulation de la vente, avec pour conséquence, le retour du bien immobilier en pleine propriété au vendeur. Dans ce cas, non seulement l’acquéreur perd le bien, mais il perd également toutes les sommes déjà versées, y compris le bouquet initial et les éventuelles rentes payées jusqu’à la date de rupture. Cette conséquence financière est lourde, car l’acquéreur peut avoir investi une somme importante sans obtenir la jouissance du bien.
De plus, dans certains cas, le vendeur peut également demander des dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi, notamment si la rente viagère constituait une source importante de revenus. Ces dommages peuvent inclure les rentes impayées, les coûts supplémentaires engagés pour récupérer le bien, ainsi que la perte de revenus liée à l’absence de versements réguliers.
Cependant, la résolution du contrat n’est pas automatique. Elle nécessite de passer par une action en justice, où le juge évalue la situation avant de trancher. Le tribunal peut décider d’accorder à l’acquéreur un délai supplémentaire pour régulariser ses paiements, notamment s’il s’agit de difficultés financières temporaires. Cette procédure judiciaire peut être longue et coûteuse pour les deux parties, et le juge ne prononcera la résolution que si les manquements de l’acquéreur sont considérés comme graves et répétés. D’où l’importance, pour l’acquéreur, d’éviter d’en arriver à cette étape et de régulariser ses paiements avant que le conflit ne s’envenime.
Lorsque l’acquéreur est dans l’incapacité de continuer à verser la rente viagère et qu’il se retrouve dans une procédure judiciaire, les conséquences financières peuvent s’étendrent bien au-delà de la perte du bien immobilier et des sommes versées (déjà lourdes). En effet, cette situation peut compromettre sa crédibilité financière et réduire considérablement sa capacité à emprunter à l’avenir, du fait de l’impact négatif sur son historique de crédit. Donc, outre la perte du bien et les pertes financières, l’acquéreur pourrait avoir des difficultés à obtenir un nouveau prêt immobilier ou d’autres types de financement.
De plus, les frais de justice engagés dans la procédure de résolution peuvent représenter une charge supplémentaire importante, surtout si la procédure s’éternise. Le vendeur, pour sa part, peut engager une saisie des biens de l’acquéreur si celui-ci dispose d’un patrimoine saisissable, alourdissant ainsi, à nouveau, les conséquences financières.
Enfin, il est possible que l’acquéreur subisse une dégradation de sa réputation dans le secteur immobilier, ce qui peut être un obstacle pour ses futurs projets d’investissement. Par conséquent, il est primordial pour l’acquéreur de s’assurer qu’il dispose d’une solution durable pour maintenir les paiements, afin d’éviter toute situation de défaut de paiement.
Si vous souhaitez acquérir un bien immobilier en viager, il est essentiel d’évaluer votre situation financière en amont de la validation de la vente afin de vous assurer de votre capacité à honorer des versements sur une période indéterminée, tout en préservant votre santé financière. En moyenne, une rente viagère représente entre 5 % et 8 % de la valeur totale du bien par an, selon l’espérance de vie du vendeur. Il vous faudra également prendre en compte les fluctuations potentielles de revenus, les imprévus financiers (comme une perte d’emploi ou des dépenses imprévues) et l’indexation de la rente, souvent liée à l’indice des prix à la consommation, qui peut augmenter d’environ 2 % par an en moyenne.
Il est également recommandé aux débirentiers de souscrire une assurance spécifique qui pourrait couvrir les rentes en cas de difficulté temporaire ou permanente, afin de limiter les risques de rupture de contrat. Par ailleurs, il est prudent d’éviter de s’engager dans des projets trop ambitieux : Vous pouvez envisager d’acquérir un bien de valeur inférieure ou opter pour un viager occupé (qui peut réduire le prix d’acquisition de 30 à 50 % selon l’âge du vendeur, par rapport à un viager libre). Enfin, constituer un fonds d’urgence d’au moins trois à six mois de rente peut s’avérer indispensable pour faire face aux imprévus et garantir le respect des paiements de la rente.
Si vous êtes le vendeur, il est essentiel de vérifier en amont la solidité financière de l’acquéreur potentiel afin de garantir sa capacité à honorer ses engagements tout au long de la durée prévue.
La situation de non-paiement de la rente viagère est délicate et peut avoir de lourdes conséquences pour les deux parties. Il est donc nécessaire d’être bien informé de vos droits et des solutions à envisager en cas de difficulté. Chez Justager, nous mettons notre expertise à votre service pour vous accompagner tout au long du processus d’investissement en viager. Que vous soyez vendeur ou acquéreur, nous vous aidons à sécuriser votre transaction et à éviter les écueils financiers ou juridiques. N’hésitez pas à nous contacter pour bénéficier de conseils personnalisés et sécuriser votre investissement en toute sérénité.
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